*Début de mon roman*
La pluie glaciale fouettait les pavés, le vent envoyant se plaquer aux vitres les feuilles mortes et faisant valser les capes éclatantes des soldats derrière moi. Le bruit infernal des sabots résonnait à mes oreilles, enhardissant ma monture et l’incitant à repousser ses limites. J’essuyai du revers de mon avant-bras l’eau cinglante qui me brouillait la vue, me penchant sur l’encolure mouvante de mon cheval. Les rouages en pleine action sous la peau tendue de l’animal vibrèrent douloureusement sur mon torse mais je l’ignorai, concentré sur la poursuite. Heureusement que l’Argent du Faucon ne rouillait pas; il y a longtemps que les Vivamus ne serraient plus fonctionnels, eux qui était modifiés dès leur âge mûr, devenus mi-animaux mi-machines pour augmenter de façon extraordinaire leurs performances.
Je rabaissai la capuche de ma cape sur ma tête, espérant améliorer ma vision réduite par le mauvais temps. J’aperçu l’ombre du fuyard se dérober sur la droite, disparaissant derrière un gratte-ciel et se soustrayant à notre champ de vision durant quelques secondes. Ce dernier avait réussi à se procurer un cheval de la garde royale, de quelle façon je l’ignorais, mais cela rendait la poursuite encore plus ardue. Je tournai d’un coup sec, faisant renâcler ma bête et me cognant durement un genou sur l’un des mécanismes internes de cette dernière. Je retenu un juron. Ma garde personnelle derrière moi fit de même. Des hennissements métalliques résonnèrent en écho dans les dédalles du 1er Bourg, rebondissant sur les hauts murs des édifices. Je détestais devoir me déplacer dans cette partie de Vendaloris, les multitudes de rues s’étendant partout tel de grands tentacules, les structures aux architectures grandioses se ressemblant toutes et se multipliant à l’infini. Elle semblait par contre la préférée de mon éternel adversaire, qui lui la connaissait comme sa poche et avait une facilité frustrante à semer ses poursuivants en les perdants dans ce labyrinthe immense.
Je fini par apercevoir l’éclat sombre de la robe du Vivamus dérobé par le criminel une dizaine de mètres droit devant. Je secouai la tête pour enlever l’excès de liquide qui glissait de mes mèches de cheveux en bataille et tombait dans mon visage. Je chuchotai des mots à l’oreilles de mon destrier pour le rassurer appuyai sur l’excroissance qui faisait une bosse dans la peau de ce dernier au niveau des tempes. Le souffle de l’animal se fit plus profond, en symbiose parfaite avec le mien qui suivait le mouvement de chacun de ses muscles et mécanismes. Il accéléra progressivement, ses engrenages tournant de plus en plus vite, sa peau devenant de plus en plus brûlante, la pulsion de ses deux cœurs - biologique et artificiel – cognant doucement sur mes jambes. La machine se mettait en branle.
Je me rapprochai de plus en plus rapidement de mon adversaire. Je lâchai les rênes, maintenant mon équilibre en bandant mes muscles et en coinçant mes cuisses derrière deux roues métalliques verticales aux niveau des côtes, le côté dentelé vers l’extérieur. Je sortis d’un mouvement vif le Taser argenté de son étui à ma ceinture et visai le dos de mon ennemi.
J’inspirai. Le temps sembla ralentir. Ma cape rouge claquait derrières moi, mes cheveux indisciplinés étaient soumis au vent. Mon capuchon glissa et tomba sur ma nuque.
Je tirai.
Le Vivamus noir s’écroula, et mon cheval trébucha par l’avant, butant sur le corps paralysé étendu au sol, pour venir à son tour s’y écrouler. Je fus expulsé dans les airs.